> Tout à l'ego

dimanche 7 mai 2023

La limonade salée ou comment les femmes sont élevées pour avaler des couleuvres.

 


En 2003, une expérience a été menée par la chaîne ABC sur un panel d’enfants.

Encadrée par Campbell Leaper, professeur et chercheur en psychologie à l'université de Californie à Santa Cruz, elle consistait à proposer à un groupe de filles et de garçons une limonade volontairement salée et d’observer leurs réactions.

Les garçons ont été francs et directs ("Beurk" "C’est dégoûtant") , tandis que les filles ont été polies et ont cherché à ne pas être blessantes. L’une d’entre a affirmé que la limonade était bonne, les autres se forçaient à boire, y compris une fille qui semblait déglutir difficilement.

Lorsque l’expérience leur a été révélée, les participantes ont expliqué qu’elles ne voulaient pas être impolies ou faire de la peine. La plupart des garçons ne se sont pas souciés de ça.

Dans une autre expérience, le chercheur leur avait offert un cadeau décevant comprenant un stylo et des chaussettes. Là encore, les petites filles se sont exclamées "Des chaussettes et un crayon ? Pile ce qu'il me fallait !" alors que les garçons ont crié à l'arnaque.

Lorsque le chercheur leur a demandé de se décrire, les filles se sont décrites comme "gentilles", tandis que les garçons se sont décrits comme "talentueux", "intelligents", "bons en mathématiques" ou "drôles". Les garçons ont rarement dit "gentil".

Le chercheur a expliqué que ces différences dans les réactions sont en partie dues à la socialisation des garçons et des filles par leur famille et leur société. Les filles sont souvent encouragées à être polies et à éviter de blesser les sentiments des autres, tandis que les garçons sont souvent encouragés à être francs et directs. Plus tard, ce syndrome de "la bonne élève" freinera les femmes dans leur carrière en les empêchant de s'imposer et d'affirmer leurs positions. Dans leur vie personnelle, cette volonté de ne pas faire de vague ou de déplaire contribuera à faire passer les besoins des autres avant les leurs.

Ces stéréotypes sont intégrés par les parents bien avant que les enfants ne sachent parler.

Une étude célèbre appelée "Baby X" conçue par Phyllis Katz a testé des adultes sur la manière dont nous traitons les bébés en fonction de ce que nous pensons être leur sexe.

"Nous avons dit que c'était Johnny. Jouez simplement avec Johnny comme vous le souhaitez. Ou c'est Jane. Jouez simplement avec Jane comme vous le souhaitez", a déclaré Katz.

C'était toujours le même bébé. Mais quand les adultes pensaient tenir Jane, ils la tenaient avec précaution et lui donnaient des poupées. Quand ils pensaient que le bébé était Johnny, ils lui offraient un ballon de football.


En résumé, les stéréotypes de genre peuvent être profondément ancrés dans notre culture, mais cela ne signifie pas que tout est perdu. Nous avons un rôle prépondérant à jouer en tant que parents.

En étant conscients de nos propres préjugés et en travaillant activement à les déconstruire, nous pouvons encourager les filles à faire des choix pour elles-mêmes et à affirmer leurs opinions, tout en incitant les garçons à exprimer leurs émotions de manière constructive. 

Vous cherchez un livre pour enfant qui déconstruise avec poésie les stéréotypes de genre dès 3 ans? Qui invite filles et garçons à se dire que rien n'est impossible?

Mon livre est fait pour vous :-).




lundi 1 mai 2023

Coacher les femmes pour négocier leur salaire ne sert à rien


 

… sans une véritable déconstruction des biais de genre en entreprise.

Une étude de McKinsey ainsi révélé que les femmes qui avaient tenté de négocier une promotion ou une augmentation de salaire étaient 30% plus susceptibles d'être qualifiées d'"agressives" ou de "autoritaires" que les hommes.

Pour atteindre l’égalité, il ne suffit donc pas d’inciter les femmes à oser demander : les entreprises doivent également travailler à déconstruire leurs propres biais sexistes.

Voici 14 règles, proposées par l’experte en négociation salariale, Katie Donovan, pour créer un environnement plus équitable pour tous.tes les employé.e.s.

  1. Ne demandez plus aux candidates leur salaire actuel. Cela maintient les inégalités salariales. Katie Donovan propose de bannir du recrutement cette question. Elle a réussi à faire inscrire cette interdiction dans une loi passée en 2016 dans le Massachussetts. Quand l’employeur n’est pas autorisé à demander aux candidat.e.s le montant de son salaire actuel, le salaire d’embauche retenu augmente de 2 % pour les hommes par rapport à leur salaire précédent, et de 8 % pour les femmes

  2. Arrêtez de baser les offres de salaire sur les salaires antérieurs des candidates. Cela perpétue les inégalités salariales.

  3. Évaluez les emplois et les compétences de manière objective et non discriminatoire.

  4. Déterminez une fourchette de salaire pour chaque poste en fonction du marché, de la performance et des compétences requises. Les femmes sont moins nombreuses que les hommes à questionner le salaire d’embauche proposé et à postuler aux offres floues sur la marge de négociation salariale

  5. Offrez une fourchette de salaire plutôt qu'un chiffre unique pour donner aux candidates plus de marge de négociation.

  6. Assurez-vous que les offres salariales sont compétitives par rapport aux salaires du marché

  7. Assurez-vous que les femmes et les minorités raciales ont un accès égal aux emplois les mieux rémunérés.

  8.  Formez les recruteurs et les gestionnaires à la négociation salariale et à la diversité

  9. Éduquez les employé.e.s aux inégalités salariales et leur impact sur les femmes et les minorités raciales.

10.   Créez un environnement où les employées se sentent à l'aise pour négocier leur salaire. 

11.   Encouragez les employeurs à prendre en compte les soins familiaux et les obligations familiales lors de la négociation des salaires. 

12.   Utilisez des indicateurs de performance pour déterminer les augmentations salariales, plutôt que des critères subjectifs tels que l'estime de soi. 

13.   Mettez en place des mécanismes de transparence salariale pour permettre aux employées de comprendre comment sont fixés les salaires.

14.   Offrez des programmes de mentorat et de coaching pour aider les femmes et les minorités raciales à améliorer leurs compétences de négociation salariale.

En tant que spécialiste des stéréotypes de genre en entreprise, j'ai souvent constaté que la négociation salariale était un domaine où les femmes étaient désavantagées.

Il est temps que les entreprises prennent leurs responsabilités et déconstruisent leurs biais de genre pour garantir une égalité salariale pour tous.tes les employé.e.s.

Et vous, connaissez-vous des exemples de bonnes pratiques en la matière?


1.      

dimanche 23 avril 2023

Tech : pourquoi les femmes fuient les annonces qui sentent le baby-foot et la testostérone





Nous sommes tous conscient.e.s de la sous-représentation des femmes dans le secteur du numérique. Mais saviez-vous que 𝗰𝗲𝗿𝘁𝗮𝗶𝗻𝘀 𝗺𝗼𝘁𝘀 𝗼𝘂 𝗲𝘅𝗽𝗿𝗲𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝗮𝗻𝗻𝗼𝗻𝗰𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗿𝗲𝗰𝗿𝘂𝘁𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗽𝗲𝘂𝘃𝗲𝗻𝘁 𝗹𝗲𝘀 𝗱𝗲́𝗰𝗼𝘂𝗿𝗮𝗴𝗲𝗿 𝗱𝗲 𝗽𝗼𝘀𝘁𝘂𝗹𝗲𝗿 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗱𝗲𝘀 𝗽𝗼𝘀𝘁𝗲𝘀 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗮 𝘁𝗲𝗰𝗵 ?


👩🏻‍💻️En effet, selon une étude Indeed de 2019, 𝗹𝗲𝘀 𝗳𝗲𝗺𝗺𝗲𝘀 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝘀𝗲𝗻𝘀𝗶𝗯𝗹𝗲𝘀 𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗵𝗼𝗺𝗺𝗲𝘀 𝗮𝘂𝘅 𝗾𝘂𝗲𝘀𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗱'𝗵𝗼𝗿𝗮𝗶𝗿𝗲𝘀 (69% contre 59% pour les hommes) et elles sont également 𝗺𝗼𝗶𝗻𝘀 𝗲𝗻𝗰𝗹𝗶𝗻𝗲𝘀 𝗮̀ 𝗽𝗼𝘀𝘁𝘂𝗹𝗲𝗿 𝘀𝗶 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗿𝗶𝘁𝗲̀𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗱𝗶𝗽𝗹𝗼̂𝗺𝗲𝘀 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝘁𝗿𝗼𝗽 𝗽𝗿𝗲́𝗰𝗶𝘀.


➡️𝗩𝗼𝗶𝗰𝗶 𝗾𝘂𝗲𝗹𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗲𝗶𝗹𝘀 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗿𝗲𝗻𝗱𝗿𝗲 𝘃𝗼𝘀 𝗿𝗲𝗰𝗿𝘂𝘁𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁𝘀 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗶𝗻𝗰𝗹𝘂𝘀𝗶𝗳𝘀:


*️⃣Éviter d'utiliser des termes masculins ou stéréotypés tels que "rockstar", "ninja" ou "barbu"


*️⃣Élargir les critères de diplômes et considérer les reconversions


*️⃣Évoquer les valeurs de l'entreprise et les dispositifs de parentalité pour montrer que celle-ci est soucieuse de l'équilibre vie pro-vie perso de ses employé.e.s.


*️⃣Utiliser une écriture et des visuels inclusifs


*️⃣Éviter de faire référence à des activités telles que le baby-foot et les afterworks qui peuvent être considérées comme faisant partie de la "bro culture" et inciter les femmes à se sentir exclues


*️⃣Éviter d'utiliser des expressions telles que "grande disponibilité demandée" qui peuvent décourager les femmes ne souhaitant pas sacrifier leur vie de famille


*️⃣Attention aux verbes : des recherches ont montré que le verbe "diriger" pouvait décourager les femmes de postuler à des postes de direction. Elles sont néanmoins plus susceptibles de postuler à des annonces utilisant les verbes "construire", "développer" et "collaborer"


*️⃣Préciser que les compétences peuvent être développées en cours d'emploi. En effet, les femmes ont tendance à attendre d'avoir 100% des compétences requises avant de postuler à la différence des hommes


*️⃣Mettre en avant des role models féminins et indiquer le pourcentage de femmes au sein de l'entreprise


Et vous, comment rendez-vous vos annonces plus inclusives?

samedi 19 février 2022

Comment dire "non" au travail sans avoir peur de passer pour un pitbull ou une tire-au-flanc?

 


 Dans un précédent article « Et si on arrêtait d'acheter le gâteau? De la charge affective des femmes au travail » j’ai mis en lumière le poids des tâches liées au "care" (au travail affectif) que les femmes prenaient en charge au travail : s’occuper de l’onboarding des nouveaux/nouvelles, consoler des collègues, les aider, penser aux cadeaux d’anniversaire, rédiger des tutoriels. Au bureau, 20% du temps de travail des femmes serait ainsi consacré à ces tâches "gratuites"

Pour ne pas rester au simple stade du constat, je me suis dit qu’il serait intéressant de vous aider à passer à l’action : voici donc quelques conseils pour apprendre à dire « non » au travail sans avoir peur de passer pour un pitbull ou une tire-au-flanc.

3 étapes d’introspection pour changer votre regard sur le « non »

Etape 1 -Faites le point sur vos besoins : en tant que fille, notre éducation ne nous a pas habituées à nous écouter mais plutôt à faire passer les besoins d’autrui avant les nôtres. A dire oui même quand nous pensons non, à faire plaisir, à être polie, bonne élève et surtout pas trop revendicative.

Examiner vos besoins régulièrement est pourtant fondamental car cet exercice permet de poser des limites claires et de prendre des décisions éclairées.

 Il ne faut donc pas hésiter à prendre rdv avec vous-même, plusieurs fois dans l’année pour vous demander : « De quoi ai-je besoin dans ma vie en ce moment ? : de plus de temps pour moi? De davantage de reconnaissance ? De stimulation ? Est-ce que la demande qui m’a été faite me permet de nourrir ce besoin ou répond uniquement au besoin de mon interlocuteur ? Quand je lui dis oui, à quoi dis-je non pour moi ? ». Pour reprendre les mots de l’entrepreneur et auteur Derek Sivers : « If it’s not a hell yes, it’s a no » (« Si ça n’est pas un putain de oui, c’est non ! »).

Etape 2 -Demandez-vous pourquoi vous dites oui : très souvent chez les femmes que j’accompagne, derrière le « oui », se cache le désir d’être appréciée, de faire plaisir ou la peur d’être considérée comme incompétente ou tire au flanc. Tout ces croyances sont largement alimentées par les stéréotypes de genre : comme on l’a vu dans l’article précédent, le regard porté sur les collaboratrices qui refusent de rendre des services est généralement plus sévère que celui porté sur leurs homologues masculins. Et il flotte souvent autour des femmes une présomption d’incompétence qui les oblige à sur-travailler ou à faire plus que ce qui leur est demandé.

Il est pourtant très important de savoir marquer ses limites. Je l’ai souvent remarqué, une personne qui dit « non » fermement et avec des arguments posés est bien plus respectée que la bonne poire qui dit oui à tout, quitte à charger la mule et à ne plus arriver à mettre en œuvre les missions qui lui sont assignées.

Etape 3 - Déconstruisez vos croyances autour du « non » : dire non ne veut pas dire taper sur la table, claquer la porte, s’imposer ou hausser le ton. On peut tout à faire dire non de manière polie, argumentée et en respectant les besoins d’autrui, nous le verrons plus loin dans cet article.

Quelques conseils pour apprendre à dire non :

- Entraînez-vous à dire non : vous pouvez commencer par de petites choses au début comme refuser la carte de fidélité qu’essaie de vous refiler votre magasin de vêtements préférés ou le soin à 15€ que vous propose votre coiffeur. Ou encore décliner votre participation au pot de départ de ce collègue qui vous a pourri la vie depuis son arrivée dans la boîte. En vous entraînant avec des actions à faible enjeu, vous prendrez de l’assurance et vous verrez que la terre ne s’ouvre pas sous vos pieds quand vous dites non.

- Préparez une liste de réponses toutes faites : quand j’ai commencé à travailler à mon compte, j’ai reçu beaucoup de sollicitations, plus ou moins intéressantes, plus ou moins rémunérées. J’ai dû à chaque fois arbitrer en fonction de mes besoins et objectifs et ça a été l’occasion parfaite pour apprendre à dire « non » poliment et fermement. J’ai depuis préparé une liste de réponses toutes faites qui me font gagner du temps et m’évitent de trop avoir à tergiverser.

Quelle que soit votre décision, ne laissez pas passer trop de temps avant de répondre afin de ne pas donner une mauvaise image ou mettre dans l’embarras votre interlocuteur. Ne vous répandez pas non plus en justifications, soyez ferme et simple dans votre réponse.

- Prenez le temps de donner votre réponse : trop souvent, poussée par l’urgence du besoin de son interlocuteur on répond trop rapidement, quitte ensuite à s’en mordre les doigts. La première chose à faire est de reformuler la demande histoire de temporiser et mettre l’autre face à ses responsabilités. « Si je comprends bien, tu veux que je reprenne ce dossier, qui est déjà hors délai, en plus des 5 dossiers que j’ai à gérer, j’ai bien compris ta demande ? ». En général, votre interlocuteur acquiescera et sera légèrement déstabilisé face à l’énoncé de la demande , surtout si elle est exagérée. Quant à vous, vous aurez gagné un peu de temps. Ensuite, montrez que vous avez compris son besoin : « Les ressources en interne sont débordées, tu as donc besoin d’efficacité et de clarté, c’est pour cela que tu te tournes vers moi c’est bien cela ? ». Suite à sa réponse, réservez-vous le droit de ne pas y donner suite immédiatement. « J’ai bien entendu ta demande. Comme tu le sais, être efficace est très important pour moi. C’est pourquoi, j’ai besoin de faire le point sur mes dossiers en cours : je ne veux pas te dire oui et ensuite fournir un travail qui n’est pas à la hauteur de mes attentes en terme qualité. Je reviens vers toi dans l’après-midi sans faute, j’ai compris que c’était important pour toi ».

- Proposez une alternative : si vous le souhaitez, vous pouvez répondre « Oui, mais… » : « Ok pour prendre en charge ce dossier si j’ai un délai supplémentaire/des personnes en interne pour m’aider/la possibilité de déléguer un autre projet ». Mais aussi « Non, mais … » : « Désolée, je ne peux pas t’aider, en revanche je peux te recommander une personne très compétente sur le sujet/je ne peux pas prendre ce sujet en intégralité, en revanche, je veux bien apporter mon expertise sur un point en particulier »

- Ecoutez vos émotions : Si on se sent dépassé.e par la colère car on vient une énième fois vous demander un service, plutôt que d’y céder, il vaut mieux prendre un temps d’arrêt, sortir prendre l’air et faire une pause. Cette émotion doit être entendue comme un clignotant sur un tableau de bord : c’est le signe qu’un de vos besoins est contrarié. L’idée n’est pas ici de la refouler en fumant une cigarette, en vous jetant sur votre téléphone pour scroller indéfiniment ou sur une tablette de chocolat. Mais plutôt de la prendre comme un messager qui essaie de vous dire quelque chose : une limite a été franchie.

Pour conclure, je reprendrai les mots du psychosociologue Jacques Salomé, "Oser dire non à l’autre, c’est oser dire oui à soi-même" . Alors, vous commencez quand ?

 


lundi 14 février 2022

Un coaching bénévole ça vous dit?


 

Vous avez du mal à atteindre vos objectifs personnels ou professionnels, vous êtes freiné.e par des peurs et des croyances ?

Vous procrastinez, partez dans tous les sens, avez besoin d’un œil expert pour vous aider à y voir plus clair ?

Si ça vous parle, ce message est pour vous : je vous propose un coaching bénévole !

Consultante en gestion de carrière depuis 3 ans, j’ajoute aujourd’hui une nouvelle corde à mon arc en suivant une formation certifiante de coach professionnelle à la Haute Ecole de Coaching.

Dans ce cadre, je suis à la recherche de 3 personnes à coacher gratuitement afin de valider ma formation et obtenir ma certification.

Qu’est-ce qu’un coaching ?

Un coaching est l’action d’accompagner une personne vers son objectif futur, qu’il soit professionnel ou personnel. Il ne s’agit ni d’une prestation de conseil ni de formation.

Qui peut être coaché.e ?

Toute personne peut être coachée à condition d’être dans un état d’esprit positif, d’être motivée et d’avoir une vraie volonté et ouverture face au changement.

Le coaching dans le cadre de ma formation n’est pas forcément adapté aux personnes souffrant actuellement de dépression, de burn-out ou d’angoisses.

Pour des raisons de neutralité, je ne peux coacher aucun.e ami.e ou membre de ma famille ou plus largement une personne avec qui j’ai un lien affectif ou de proximité.

Enfin, la personne coachée doit avoir plus de 24 ans.

Quels sont nos engagements réciproques ?

Je m’engage à vous coacher avec rigueur et bienveillance au moyen d'outils et méthodes éprouvés. 

Je serai supervisée par un coach senior de la Haute Ecole de Coaching et vous ferai signer un contrat de coaching.

En formation, je ne peux facturer ma prestation. C’est un échange de services : en contrepartie vous me permettez d’obtenir ma certification en vous engageant jusqu’au bout de la démarche d'une durée de 3 mois environ, avec implication et motivation. 

J’insiste sur l’importance de cet engagement, dans la durée et jusqu’à la fin du coaching.

Sur quelles thématiques le coaching peut-il porter ?

En coaching, toutes les thématiques peuvent être abordées mais je souhaiterais si possible privilégier les sujets autour de la sphère professionnelle : souhait de créer son entreprise mais peur de se lancer, difficulté pour passer à l’action, dépasser le manque de confiance en soi au travail, déséquilibre vie pro-vie perso etc…et toutes les demandes que vous pourriez avoir et que nous pourrons traiter ensemble.

Quelles sont les modalités pratiques ?

Un coaching dure environ 3 mois à raison d’une dizaine de séances d’1h à 1h30 espacées d’une semaine à 10 jours (sur une période allant de maintenant jusqu’à juillet). Le coaching a lieu en distanciel, en visio.

Comment débuter ?

Si vous êtes intéressé.e et motivé.e par la démarche et que vous remplissez les conditions énoncées ci-dessus, n’hésitez pas à remplir le questionnaire ci-après : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSe7FmdRWE-kU3QmUYkyKLpOebXd1MT9RvXnkx58VMVZspCsyg/viewform?usp=sf_link

Si vous êtes retenu.e, je vous contacterai rapidement pour convenir d’un bref échange téléphonique afin de fixer notre premier rdv.

N’hésitez pas à partager cette information aux personnes autour de vous susceptibles d’être intéressées.

Merci par avance!

Edit du 17/02/2022 : le questionnaire a été désactivé car j'ai trouvé les 3 personnes à coacher, merci à toutes et tous pour votre participation! N'hésitez pas à me contacter si vous souhaitez être tenu.e au courant de mon offre, une fois que je serai certifiée (en septembre si tout va bien!). Par ailleurs, je continue toujours les bilans de compétences, même si mon agenda est très réduit à cause de ma formation. Contrairement au coaching, il peut être pris en charge par votre CPF, je vous explique tout dans cet article.

dimanche 6 février 2022

Et si on arrêtait d'acheter le gâteau? De la charge affective des femmes au travail

 

Il y a quelques années de cela, une publicité pour voiture déclarait "Le vrai luxe c’est l’espace".

Après avoir accompagné plus d’une centaine de femmes dans le cadre de bilan de compétences, je mettrais à jour aujourd’hui cette signature publicitaire en la remplaçant par :"Le vrai luxe c’est le temps".

En effet, cette question est cruciale dans la quasi-totalité de mes accompagnements. 

"Comment faire pour avoir plus de temps?" me demandent régulièrement mes clientes. A la maison, tout d’abord, entre les tâches ménagères, la charge mentale, les devoirs et le soin apporté aux enfants. 

Au travail, ensuite, entre les réunions à répétition, les mails qui s’entassent et le surtravail. 

En effet, quand vous êtes une femme, vous devez travailler 2 fois plus pour montrer que vous méritez votre place, pour prouver à la personne qui vous a embauchée qu’elle a eu raison de vous faire confiance. Et c’est encore pire si vous exercez dans un milieu masculin ou à une place de pouvoir, si vous êtes une femme racisée, en situation de handicap ou LGBTQI:  vous êtes LA femme-quota et à ce titre vous représentez TOUTES les femmes. Vous n’aurez donc pas le droit à l’erreur au risque de jeter l’opprobre sur l’ensemble des représentantes de votre genre. Vous êtes de fait soumise à une implacable injonction d’exemplarité et de réussite.

Certains employeurs ont bien compris qu’il était très rentable d’embaucher une femme. Un recruteur s’est ainsi récemment vanté dans un billet qui se veut engagé d’avoir eu le courage d’embaucher une candidate enceinte. (spoiler : c’est juste la loi). Ce grand bienfaiteur de l’humanité a rapidement compris que c’était tout bénéf pour l’entreprise : "Pendant ses premiers mois, elle a largement confirmé le bien que je pensais d’elle. C’était une excellente décision que je n’ai pas regrettée. Au contraire même, assez fier, car beaucoup des projets qui avaient pris du retard étaient déjà rattrapés et une très bonne dynamique d’équipe s’était installée.

Plus inattendu et important à savoir pour tout manger à qui cela arrive: les débuts d’Irène. Je n’avais pas anticipé son énorme dévouement, largement disproportionné. “Forcément que je vais me surpasser pour une entreprise qui défend ce genre de valeur. Ça donne envie de s’engager à 200%.” Elle a confessé qu’elle voulait absolument démontrer que l’attendre était une bonne décision. Passionnée, elle a absorbé plus de tâches qu’elle ne le devrait".

Une étude a, par ailleurs, récemment prouvé que les femmes évitaient de demander plus de temps pour accomplir leurs tâches professionnelles, même lorsque les délais sont explicitement ajustables, ce qui nuit à leur bien-être et à leur performance dans les tâches. "Contrairement à leurs homologues masculins, elles seraient moins à l’aise pour demander plus de temps de travail, ce qui laisse présager un sentiment plus fort de pression temporelle et d'épuisement. En cause, la crainte d’être un fardeau pour leurs collègues, pour leur supérieur, ou de paraître incompétentes". L’étude a également démontré une prédominance féminine au burn-out en raison de la place des femmes dans le milieu du travail, de leur rapport à la hiérarchie et au temps.

Ce que j’ai pu observer très largement auprès des femmes que j’accompagne, c’est le poids des tâches liées au "care" (au travail affectif) qu’elles prennent en charge au travail : s’occuper de l’onboarding des nouveaux/nouvelles, consoler des collègues, les aider, penser aux cadeaux d’anniversaire, rédiger des tutoriels. Au bureau, 20% du temps de travail des femmes serait ainsi consacré à ces tâches  "gratuites", nous apprend cet article de Pauline Rochart. Un travail invisible, coûteux en énergie, peu valorisable et qui pèse à long terme sur la carrière des femmes. En y consacrant du temps, elles n’en ont plus pour les missions stratégiques. Une de mes clientes s’est ainsi vu refuser une promotion au motif qu’elle n’était pas organisée. Elle passait beaucoup de temps à aider ses collègues, à trouver des solutions pour qu’ils travaillent mieux et à les écouter lorsque la société subissait un rachat difficile. Au dépend des dossiers stratégiques et exposés.

 Son collègue masculin, qui travaillait porte fermé et ne disait pas « oui » à tout a, lui, décroché le poste. 

En mai dernier, une journaliste américaine pointait cette différence dans un article au vitriol cité par Pauline Rochart: "It’s not your job to buy the cake" ("Ca n’est pas votre boulot d’acheter le gâteau").

Mais comme on ne peut pas se contenter de dire aux femmes "Mesdames, osez" pour briser le plafond de verre, il en est de même pour le renoncement à toutes ces tâches invisibles. Il n’est pas si simple d’arrêter d’acheter le gâteau tant les stéréotypes pèsent de toutes parts, Sheryl Sandberg l’explique très bien dans ce passage de son livre "En avant toutes" :

« Quelqu’un qu’un homme a aidé se considérera comme son obligé. Il y aura de fortes chances qu’il lui renvoie l’ascenseur. Une femme qui donne un coup de main suscite en revanche un sentiment de reconnaissance moindre. C’est dans sa nature de se montrer solidaire non ?Aider les autres ? Elle ne demande pas mieux. Le professeur Flynn parle à ce propos de « dévaluation sexiste » : sur le plan professionnel, les femmes paient le prix de l’importance que l’on suppose qu’elles accordent à la solidarité. A l’inverse, quand un homme tend la main à un collaborateur, on part du principe que cela lui coûte et, en compensation, il reçoit de meilleurs appréciations, des augmentations de salaire ou des primes. Plus frustrant encore : une femme qui refuse de donner un coup de main à droit à des évaluations ou des gratifications revues à la baisse. Qu’en est-il d’un homme qui refuse son aide ? Il s’en tire sans conséquences » (source de l’étude).

Linda Babcock professeur d’économie a récemment démontré dans le cadre d’une étude menée avec 4 autres collègues que les femmes passaient beaucoup plus de temps que les hommes à effectuer des tâches invisibles qui ne leur permettaient pas d’obtenir une promotion.

Ce qui est intéressant, c’est que les femmes ont également intériorisé ce stéréotype :

"Quand vous avez besoin de demander une faveur à quelqu'un, les hommes et les femmes s'en remettront plus facilement à une femme", explique l’une des chercheuses. "En partie car celles-ci acceptent plus volontiers". En effet, dans un groupe composé d'une majorité d'hommes, les femmes se proposeront en premier. En revanche, quand celles-ci se trouvent dans un groupe exclusivement composé de femmes, elles attendent que leurs collègues féminines se manifestent.

Pour les hommes, c’est l’inverse: dans un groupe uniquement masculin, ces derniers proposent leur aide bien plus rapidement que dans un groupe mixte.

La chercheuse conclut en ces termes : "Ce ne sont pas seulement les hommes qui demandent toujours des services aux femmes. Les femmes sont également susceptibles d'aller plus facilement demander une faveur à une femme. Il s'agit donc de sensibiliser tous les managers à ces biais subtils".

Arrêter d’acheter le gâteau sera donc insuffisant si ce geste ne s’accompagne pas d’un changement de mentalité plus large en entreprise.


dimanche 2 janvier 2022

Girlboss ou sorcières : à quand d’autres modèles d’ambition féminine ?

 


Souvent, les femmes que j’accompagne dans le cadre de bilan de compétences ont des croyances très ancrées au sujet de la réussite et de l’ambition : une femme qui réussit perd forcément quelque chose, être ambitieuse c’est avoir les dents qui rayent le parquet, viser haut c’est être présomptueuse. Pour les aider, je leur demande alors de me citer des femmes qui, a leurs yeux, ont réussi et qui pourraient les inspirer. En premier lieu, elles évoquent généralement des membres de leur famille : une mère, une grand-mère, une tante. Puis, arrivent quelques figures connues : Simone Veil ou mère Teresa. En dehors de ces 2 sphères soit familiales soit iconiques, toutes 2 éloignées dans le temps, pas d'entre-deux. Elles n’arrivent généralement pas à citer une femme de leur cercle professionnel, plus ou moins proche. Pas de mentor, pas d’entrepreneuse ou de dirigeante. Personne à qui s'identifier dans le monde du travail.

Pourtant, je crois profondément en l’importance des role models. On ne peut pas imaginer, désirer, se projeter dans quelque chose que l’on ne voit pas. Comment prendre sa place professionnellement si on a constamment l’impression d’être une extra-terrestre, une femme quota, une pionnière ?

Il faut dire que, question représentation, notre société ne leur facilite pas la tâche.

Dans la culture populaire, les femmes ayant réussi dans le monde de l'entreprise sont souvent représentées comme des des pimbêches prêtes à tout pour réussir et tyrannisant leurs subordonnées (cf "Le diable s'habille en Prada"), on appelle cela le "Queen bee syndrome" (syndrome de la reine de la ruche).

 

Malheureusement, l’actualité a donné raison à cette représentation : les « girlboss » de plusieurs medias féministes (Louie Media, La Poudre ou Les glorieuses) ont ainsi récemment été épinglées pour leur management toxique.

En dehors de la girlboss, figure repoussoir de la réussite féminine, point de salut ? Un autre modèle de pouvoir a récemment émergé : celui de la sorcière. Il y a quelques jours, dans un podcast dédié à l’ambition féminine, j’ai ainsi vu passer cette interview : « Dans son dernier livre « Sorcière moderne », conçu comme un grimoire, on y trouve de nombreux thèmes à explorer pour nous reconnecter à notre puissance féminine !

Nous avons donc parlé de l’influence et vertus des plantes mais également des pierres (ce que l’on appelle la lithothérapie), de l’impact de la lune sur notre cycle, de l’astrologie, d’animal totem, d’oracles, de rituels et j’en passe… A l’heure où nous avons été éduqués à penser plutôt rationnellement, nous nous sommes progressivement éloignés de notre intuition et de notre puissance féminine intérieure et cette conversation est une invitation à s’y reconnecter ».

On trouve résumé ici en quelques lignes une tendance qui a investi progressivement le champ de l’accompagnement professionnel : un gloubiboulga fait d’ésotérisme,  d’oracles et de sorcellerie bon marché. Trouvez votre métier de rêve dans le marc de café, reconnectez-vous avec votre sorcière intérieure pour être puissante au travail. Entre bénédictions de l’utérus et glorification d’un soi-disant « féminin sacré », on tombe très vite dans l’essentialisme le plus basique (je vous conseille à ce sujet les 2 excellents épisodes du podcast "Méta de Choc"), le féminin incarnant par définition dans cette optique new-age la douceur, la créativité et la fertilité. 

Plutôt « old age » comme vision des femmes en somme.

Pourtant, ces pratiques ésotériques se veulent féministes, comme l'explique cet article du Monde au sujet du succès de l'astrologie en Argentine : « Le public des cours d’astrologie est pour l’essentiel des femmes, urbaines, de classe moyenne », relève Karina Felitti, historienne au Conicet. «L’astrologie est déjà présente en Argentine dans les années 1960, c’est alors une contre-culture, à une époque de violence politique », retrace-t-elle. Mais pour la chercheuse, l’essor récent est nourri par le mouvement féministe, qui a pris de l’ampleur en Argentine en 2015, lors de grandes manifestations réclamant une politique publique efficace face aux féminicides, et en 2018, lors de la mobilisation pour la légalisation de l’avortement (approuvée le 30 décembre 2020). « Le mouvement féministe est lié à une meilleure connaissance de soi, dans le but de pouvoir décider de sa propre vie. Or l’astrologie apparaît comme un outil de connaissance. » La pandémie, ses incertitudes et le temps supplémentaire qu’a parfois accordé le confinement ont parachevé l’élan astral"

Ce qui est profondément paradoxal, c’est que ces discours nous vendent de l’ « empowerment féminin » alors qu’en réalité c’est tout l’inverse. Remettre ses choix dans les mains de « forces occultes » c’est sous-entendre que l’on n’est pas capable d’agir ou de décider seule. C’est confier à autrui son pouvoir d’agir. Le magazine « Elle », qui a bien flairé la tendance, a récemment déclaré s’engager pour l’écoféminisme…en organisant un événement intitulé « Elle sorcières » : « Odile Chabrillac, sorcière, naturopathe et auteure de « Sortir des bois- Manifeste d’une sorcière d’aujourd’hui » nous apprend à nous reconnecter à notre énergie profonde en renouant avec notre corps, la nature et la spiritualité pour enfin retrouver son pouvoir ».

Après des années à batailler pour sortir les femmes du registre de l’intuition, de l’irrationnel ou de leur statut d’utérus sur pattes, voilà que ce genre de doctrine les y ramène de nouveau.

Affirmer que l’on ne peut tirer notre puissance que de l’astrologie, des oracles et de la sorcellerie c’est vraiment se résoudre à n’être qu’influentes qu’à ces endroits-là. Et c’est un sacré aveu d’échec.

Pendant qu’on fait mumuse avec nos pierres et nos incantations, les hommes, eux, réseautent et font avancer leur carrière.

Soyons clair.e.s : je ne critique absolument pas les femmes qui pratiquent la lithothérapie ou se tirent les cartes à titre personnel. Si ces croyances les aident au quotidien, je n’ai aucun problème avec ça. En revanche, en faire un modèle économique ou vendre cela comme de l’empowerment me gêne beaucoup plus.

Surtout que sous ses dehors folkloriques et apparemment inoffensifs, ce business ésotérique est plus dangereux qu’on ne le pense. Comme l’explique cet article de Charlie Hebdo dans lequel j’ai été interviewée, la Miviludes a déjà été saisie pour des coachings concernant le « féminin sacré » ou la « bénédiction de l’utérus ». «  Des témoignages auprès de l’organisme dénoncent une emprise psychologique chez-moi des femmes fragilisées » « Les praticiennes en féminin sacré ne sont souvent pas formées pour accompagner des victimes d’expériences traumatisantes ».

A quand un bon coup de balai (pas forcément magique) pour faire le ménage parmi ces apprenties sorcières ?